Ya Basta ! (1)

« Nous voici, morts de toujours, qui, mourrons à nouveau, mais pour vivre, cette fois ».

Marcos

Voilà maintenant une année, sept mois et quatre jours que l’AZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale) a fait son entrée spectaculaire dans la ville de San Cristobal De La Casa au Chiapas (Mexique), marquant le début d’un vaste mouvement insurrectionnel. Composé aujourd’hui de dix mille hommes et femmes enfermés dans la forêt Lacandone, noyau géographique et spirituel du peuple indien chiapatèque, ils attendent depuis plus d’un an, des perspectives nouvelles à leur mouvement qui, le temps aidant, risque de se transformer soit en parc zoologique, soit en forteresse verte. Le référendum international, lancé par l’armée Zapatiste (voir Charlie Hebdo du 10 août dernier), révèle derrière cette « démocratie idéale » et cette vision universaliste des choses, une impasse certaine. L’autogestion, nerf de cette révolte, interroge et désoriente les grandes nations dirigeantes, le «gibier» ne réagissant pas comme à l’accoutumé. Qui sont ces hommes et ces femmes, propriétaires de leur fusils, que l’on consulte sur toutes les décisions politiques et militaires ? Derrière eux, ni nations, ni narco-trafiquants, ni organisations pseudo-religieuses. Encore moins de chef charismatique comme cherchent à nous en persuader les médias. La Forteresse blanche est si puissante qu’elle a su utiliser ses propres failles contre l’ennemi. Ce qui au départ le désorientait c’est à dire l’autonomie parfaite du mouvement, devient alors une arme redoutable qui se retourne contre lui. Le manque de soutiens techniques extérieurs engendre Une mort programmée. Il suffit alors d’isoler la cellule pour assister à son agonie dans une grande satisfaction. La stratégie du siège est redevenue aujourd’hui une arme bien plus efficace que la force de frappe nucléaire. Dans une configuration mondiale devenue monolithique depuis novembre 1989, la question se pose aujourd’hui de savoir s’il est encore possible de faire une révolution?

Arnaud Soulier

  1. Ça suffit!