Filigrane

Il faut reconnaître que les États généraux du film documentaire de Lussas n’ont pas peur des foudres papales. Organiser pendant sa visite un séminaire autour du thème « Corpus Christi », dont les cinq volets décortiquent un épisode biblique à l’aide d’outils qui ne sont pas toujours théologiques, et projeter le film Reprise mettant en scène la canonisation païenne d’une sainte de la classe ouvrière : il fallait oser ! Et je ne parle même pas du séminaire sur les archives. Eh bien si, parlons en des archives. De celles du Vatican par exemple. Parce que je ne suis pas sûr qu’elles aient pu être convoquées à Lussas.

Il faut aussi reconnaître une chose au Pape, c’est qu’il n’a pas la rancœur tenace. Rappelez-vous, il y a un an exactement, même que ça avait fait un peu de bruit aux États généraux. Les CRS avaient défoncé la porte d’une église pour en expulser des ouailles qui n’avaient pas de papiers, sacrifiées qu’elles avaient été sur l’autel électoraliste.

Eh bien je ne me souviens pas avoir entendu le Saint Homme émettre la moindre protestation à ce moment là ! Pourtant une église, c’est un peu sa résidence, non ? Si ça se trouve, les mêmes qui ont fracassé sa porte, assurent aujourd’hui sa sécurité. Pas rancunier pour une hostie, je vous dis.

En tout cas, je ne sais pas s’il faut être en possession de son titre de séjour pour accéder au Paradis, mais ce qui est sûr, c’est que si un jour tous les Sans Papiers ont le droit d’aller en paix sur cette terre, ce ne sera sûrement pas grâce à lui !

Francis Laborie