Un ami m’a raconté comment il avait trouvé un oisillon, perdu, sur un trottoir traversé de piétons sans regard pour sa détresse. Il l’avait délicatement attrapé pour le déposer sur un morceau de soleil, couverture accueillante étendue le long d’un petit mur. Comme si la vie d’un oisillon pouvait être sauvé par un rayon de soleil. Ça m’avait même fait doucement rigoler cette idée là. Et j’étais là, à penser à cette histoire en sortant de la salle où venait d’être projeté Que sont mes amis devenus ? fragments de vies disloquées aux quatre coins du monde. Comme quoi les correspondances d’esprit sont aussi impénétrables que les voies de l’Autre. Quoique.
Certains films, et les films documentaires en particulier, semblent tellement perdus dans la jungle mercantile de l’univers cinématographique que la moindre salle obscure ouverte à leur diffusion apparaît comme une petite chance de survie. Lussas, pour eux, est un de ces petits coins de soleil accueillant cette rage de vivre et d’exister. À bien y réfléchir, l’idée de mon ami n’était peut-être pas si conne que ça.
Francis Laborie