Certaines années, sans savoir pourquoi, une certaine alchimie semble s’opérer à l’insu de tous. À l’automne, lors de la réunion de bilan de Lussas, c’est l’occasion d’un premier tour des idées pour l’édition à venir. Parfois à l’état embryonnaire, parfois plus réfléchies, leur diversité est en tous cas toujours de mise. Puis les réflexions communes désigneront les problématiques que vous découvrez chaque fois dans le catalogue, dont le nombre de films présentés donne le vertige. On craint de se disperser ou de se perdre dans toutes ces sollicitations. Et puis non, il émerge un fil conducteur assez inattendu qui n’épuise pas les échanges. Celui de l’Histoire avec un grand « H ». De l’usage de la photographie dans le documentaire à celui de l’image d’archive, la question de la preuve et de la vérité. De l’engagement du cinéaste à un film militant, énoncer, impliquer, dénoncer, appartenir. « Faire trace » et se souvenir pour recomposer des récits de vie, d’héritage, de filiation, les histoires avec un petit « h ». Autant de trames finalement intemporelles, que l’on pourrait remettre à l’épreuve dans une dizaine d’années, pour voir, à nouveau, se regarder aussi dans les images de l’autre.
Christophe Postic